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Sarah Schneider, mélancolie du souvenir


Sarah Beth Schneider ou plus simplement Sarah Schneider qui a sa préférence peint des scènes à l’apparente familiarité, où des objets quotidiens posés ça et là, un lit défait ou des mots inscrits sur un bout de papier créent une narration mélancolique. J'ai été saisie par la beauté de ses oeuvres et lui ai proposé de participer, en compagnie de cinq autres artistes, à l'exposition Autre Je qui débutera le 9 mars prochain à la galerie Treize-Dix.

Où as-tu grandi ? Tes parents étaient-ils artistes ?


J’ai grandi à Pittsburgh en Pennsylvanie. Mes parents ne sont pas artistes mais médecins.


Sarah vit actuellement à Pittsburg après un détour par New-York pour ses études et plusieurs résidences d'artistes en Europe.

Yellow bathroom, 2014

Est-ce que tu dessinais quand tu étais enfant puis pendant ton adolescence ? Je t'imagine inventant des histoires.


J’adorais dessiner lorsque j’étais enfant. J’écrivais effectivement des histoires ainsi que des poèmes et je les illustrais. Je me souviens que mes sujets favoris étaient les pirates, Halloween et le désert. A l’adolescence, je n'ai plus autant dessiné.


Quels artistes ont influencé ton travail ?


Au début, j’étais surtout intéressée par les comics alternatifs, comme les publications de Kramers Ergot, Kuš Comics ou encore Gaze Books.Plus récemment, je me suis penchée sur la peinture contemporaine (Pius Fox, Sojourner Truth Parsons…) et l’abstraction du 20eme siècle, notamment expressionniste (Agnes Martin, Helen Frankenthaler..).


Agnes Martin, Failing blue, 1963


L’exposition Tal R à la galerie Cheim & Read à New-York est la dernière à m’avoir vraiment enthousiasmée.

Tal R, Cabaret, 2016


J'ai aussi hâte de voir la rétrospective Cy Twombly à Beaubourg lors de mon passage à Paris le mois prochain.


Les Kramers Ergot sont des catalogues de comics et illustrations issus de la scène alternative qui ont été publiés aux Etats Unis à partir de 2000 sous la direction artistique de Sammy Harkham. Dans les 9 numéros parus, figurent plein de dessinateurs que j'adore comme Gary Panter, Stéphane Blanquet, Blexbolex ou encore Chris Ware et Daniel Clowes (NDLR).


Les films sont-ils également une source d’inspiration ? Il y a quelque chose de très cinématographique dans ton travail.


Oui, cela a toujours été une source d’inspiration, en particulier les films de Jim Jarmusch et de Wim Wenders.



Je ressens une mélancolie dans tes dessins et tableaux. Une poésie du souvenir. C’est un travail très mature pour une si jeune artiste.


Je cherche à exprimer des émotions fortes mais aussi ambiguës et impalpables. J’ai souvent l’impression de tourner autour d’une chose sans réussir à l’atteindre directement. Je pense que tu as raison, je m’intéresse au souvenir, à la mélancolie douce amer et insaisissable du temps qui passe.


A dream of Davon, 2015



Est-ce que tu aimes les marchés aux puces et les magasins de seconde main ? J’adore pour ma part ces endroits où chaque chose pourrait raconter des histoires, des secrets. Tes tableaux évoquent des passages, des vies disparues ou en suspend.


J’adore y aller ! J’y trouve souvent des vieux magazines que j’utilise comme référence pour mon travail.



Quelles techniques utilises-tu principalement ?


Peinture acrylique et crayon.


Te définis-tu comme une peintre ? Une dessinatrice ? Le dessin ne semble jamais très loin de ta peinture.


Je me présente plutôt comme une peintre bien je sois probablement plus une dessinatrice.


Room at night, 2014

Te sens-tu proche de la scène de l’illustration underground, des fanzines ? J'ai vu que tu en avais réalisés...


J’ai recommencé à dessiner et peindre avec la découverte des fanzines et de la contre-culture. J’aime leur côté drôle et décalé tout en étant accessible.


Divers fanzines réalisés par Sarah

Les fanzines sont foisonnants en France et le lieu d'expérimentations graphiques passionnantes. Existe-t-il toujours une scène intéressante aux Etats-Unis ?


Quand j’étais à l’Université de New York, il y avait une grosse communauté d’auto-éditeurs de fanzines d’art. Tu en trouves plein à la librairie/maison d’édition Desert Island, à Brooklyn. Je pense qu’il en existe partout aux Etats-Unis. Il suffit juste de chercher un peu…


Propos recueillis par Axelle Viannay


Pour voir les œuvres de Sarah Schneider, rendez-vous à partir du 9 mars 2017 à la galerie Treize-Dix, 13 rue Taylor, 75010 Paris pour l'exposition Autre Je dont je suis le commissaire

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