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Jérémie Fischer, L'art à portée de main



Jérémie Fischer est de ces personnes rares qui dessinent un monde meilleur. Passionné de livres, il en a fait un terrain d'expression quasi politique : les livres sont des objets populaires accessibles à tous ; l'art à portée de main. Dans le calme de son atelier lyonnais dépourvu de connection internet, il dessine, découpe et crée des livres graphiques, parfois animés, où le jeu et les transformations sont une porte ouverte sur un monde poétique, drôle et insolite.



Tu as passé ton diplôme des Arts déco de Strasbourg la même année qu’une génération d’artistes très talentueux.


Je suis sorti en 2011 de la section illustration, comme Roxane Lumeret, Annabelle Buxton, Icinori, Simon Roussin, Marine Rivoal, Marion Fayolle ou encore Bénédicte Muller… J’ai beaucoup appris dans cette école, en particulier grâce à notre professeur Guillaume Dégé. Nous sommes l’une des premières promotions qu’il a suivies du début à la fin. Son énergie à insuffler des collaborations, à nous inciter à créer des revues collectives (ce que nous avons fait avec la revue Nyctalope), à nous inviter à nous imprégner d’art contemporain et à ne pas nous limiter au champ de l’illustration a été une source importante d’apprentissage et d’inspiration. Une question importante était posée : pourquoi avions-nous choisi le livre par rapport à d’autres médiums de création ?



Récréations en papiers découpés initiées lorsque Jérémie Fischer était aux Arts Décos.


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La vision de Guillaume Dégé me semble intéressante. Elle vous investit en tant qu’artiste, au même titre que quelqu’un qui aurait choisi la peinture, les installations ou la vidéo. Les artistes illustrateurs ou relevant du champ de l’art contemporain sont souvent issus des mêmes écoles d’art. Pourquoi choisit-on tel médium plutôt qu’un autre et pourquoi, lorsque l’on fait le choix du livre, s’exclut-on des réseaux de l’art contemporain ? Et pour revenir à cette passionnante question : pourquoi, donc, avoir choisi le livre ?


J’en aime toutes les potentialités : c’est un objet populaire, un objet narratif, un objet que l’on feuillette. Le livre est intime tout en pouvant être partagé. Guillaume Dégé m’a transmis son amour du livre. La découverte des techniques d’impression – sérigraphie, gravure… - a joué un rôle très important dans ce cheminement. Après mon diplôme, le sérigraphe et éditeur Frédéric Déjean m’a pris en stage à l’atelier de bibliophilie populaire qu’il avait monté à Montreuil, depuis devenu l’atelier Co-op lorsqu’il s’est installé à Maisons-Alfort. Il y imprime les œuvres de tout un tas de grands dessinateurs comme Blexbolex ou Willem. Après ce stage, je me suis lancé comme sérigraphe et ai découvert d’autres pratiques, comme la sérigraphie in situ avec l’atelier Les Démons. Nous intervenions notamment dans des musées – le musée d’art moderne de la ville de Paris, le planétarium de Vaulx-en-Velin… - pour imprimer typographies et images sur les murs. C’était intéressant, mais je n’étais pas très doué quand les travaux étaient trop techniques. A cette époque, Xavier Barral m’a commandé des tests de couvertures pour un de ses livres de photos (Mars: Une exploration photographique) et j’y ai consacré quelques nuits blanches ! Je me suis aperçu qu’il m’était impossible d’en faire mon métier. Je continue à pratiquer la sérigraphie mais ponctuellement, lorsque j’imprime mon travail ou celui d’amis. Je dois beaucoup à la découverte de cette technique d’impression et à son apprentissage qui a débuté aux Arts Décos avec nos géniaux professeurs Bernard Bleny et Olivier Beiger : c’est elle qui m’a amené aux transparences, aux papiers découpés, à la couleur.




Couverture de Animaux de Jérémie Fischer, Les grandes personnes, 2015



Certaines de tes éditions sont sérigraphiées, d’autres imprimées en offset. Comment s’opère le choix entre ces deux techniques ?


Mon travail se partage entre la microédition, généralement imprimée en sérigraphie et des livres publiés en maisons d’édition. Cela dit, même quand le livre est imprimé en offset, il m’arrive de réaliser un prototype en sérigraphie. Lorsque Brigitte Morel (des éditions Les grandes personnes) a édité Animaux en 2015, j’ai ressenti le besoin de passer par une étape de fabrication sérigraphiée avant d’en discuter autour d’un objet concret. Ce livre fonctionne avec des jeux de transparence et la réalisation d’un prototype permettait d’en comprendre le système. L’impression en sérigraphie en microédition peut être une étape préalable à des publications pour un plus large public.



As-tu réalisé des livres d’artistes uniques ou envisages-tu toujours tes œuvres comme des multiples qu’ils soient imprimés en milliers d’exemplaires par un éditeur ou quelques dizaines en autoédition ?


Pour les éditions Jean-Pierre Huguet, j’ai dessiné à l’encre de tous petits livres en 20 exemplaires sans passer par une machine dans la collection "Raretés des sept Collines" dirigée par Michel Sottet. A cette exception près, je ne réalise mes livres qu’en multiples. Les livres en microédition sont pour moi des livres d’artistes. On est complètement indépendant et libre dans la conception du livre et les réseaux de diffusion, que ce soit les librairies qui ont pignon sur rue ou des réseaux plus confidentiels, comme des salons de fanzines. Ces différents canaux de diffusion me permettent d’ouvrir le livre à un public qui n’y aurait peut-être pas eu accès sinon.



Escapade, livre animé imprimé en sérigraphie, Collection 12x12, Octobre 2019


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Tu m’as indiqué que la sérigraphie t’avait amené aux transparences, qui sont au cœur de tes recherches graphiques.


Quand on imprime en sérigraphie, on utilise des rhodoïds de calage. J’ai eu envie d’exploiter leurs formes abstraites qui par l’effet de transparence des couleurs se transforment en éléments figuratifs. Ce passage de l’abstraction à la figuration m’intéresse.



Ton travail est d’ailleurs à la fois abstrait et très figuratif, sans que l’on puisse véritablement te situer dans l’une ou l’autre catégorie.


L’abstraction se suffit sans doute à elle-même sans que l’on ait besoin de guider le spectateur, mais il m’importe que mon travail soit directement accessible. J’aime l’esprit des leporellos lithographiés de Warja Lavater publiés aux éditions Maeght qui réinterprètent les contes de Perrault en s’appropriant des jeux de formes minimalistes. A la fin des Arts déco, j’ai découvert des artistes comme Bruno Munari, Enzo Mari, Komagata qui en plus d’avoir réalisé de nombreux livres, ont aussi été d’incroyables designers. Mon travail s’inscrit dans cette lignée, en s’éloignant de plus en plus du dessin. J’ai créé ma série de livres carrés en 12x12 cm, dans l’esprit des prélivres de Munari.




Différents livres de Bruno Munari.


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Munari était un théoricien en plus d’être un fabuleux artiste. Il a aussi travaillé avec des enfants comme tu as eu l’occasion de le faire.


Je ne suis en rien théoricien mais me suis réapproprié certaines de ses recherches sur la frontière entre le fond et la forme. Je pense ici à sa série Il negativo, Il positivo. Dans le cadre d’ateliers ou de résidences, j’ai rencontré énormément de classes d’enfants partout en France, parfois dans des milieux sociaux défavorisés. Un travail passionnant de médiation est réalisé depuis quelques années, permettant à des enfants de milieux très divers de découvrir les livres. Les créateurs de livres sont amenés, s’ils aiment cette démarche, à intervenir sous forme de résidences, de salons… Le travail sur le fond et la forme que j’ai proposé aux enfants a très bien fonctionné en l’abordant comme un jeu. Je ne souhaite pas imposer une démarche purement abstraite, intellectuelle. C’est dans le même esprit que j’ai conçu mon livre Animaux. Une forme au premier abord abstraite imprimée sur un rhodoïd transparent se transforme en animal à la faveur d’une page qui se tourne. Le processus et les formes créées sont très simples : cette simplicité permet de transmettre une idée de façon claire. Je ne veux pas me camoufler derrière trop de capacité technique !



La pop de préférence au rock progressif !


Ca me semble important ! Cette simplicité est aussi le fruit d’une évolution. Il n’est pas rare que, jeune artiste, on veuille en mettre plein les yeux, peut-être pour se prouver que l’on en est capable techniquement. Une fois ce but atteint, on en ressent vite la vanité. Emerge alors un besoin de simplicité, entreprise souvent plus difficile à réaliser car on s’y met plus à nu.



Extrait de Die Märchen vom Paradies, Kurt Schwitters, 1925.


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L’humour tient une place importante dans ton travail.


Cela tient beaucoup à mon attrait pour Dada. J’adore les livres que Kurt Schwitters a réalisés pour les enfants. Ses premiers livres typographiques pour enfants en 1924-25 – Die Märchen vom Paradies (Les contes du paradis) réédités il y a peu chez Babelio et Die Scheuche Märchen (Les contes de l’épouvantail) que Frédéric Déjean a réédité en petit format allongé – sont formidables. Non seulement c’est très beau – des Jeux de caractères typographiques qui fabriquent des dessins, comme une invitation des enfants à découvrir l’art moderne – mais c’est aussi narratif : des histoires écrites en très peu de temps et tendant vers l’absurde. Dans Les contes de l’épouvantail, une poule shoote dans un épouvantail, l’épouvantail n’est pas content et il s’en va. J’aime cet esprit absurde qui fonctionne bien avec mes contraintes techniques de transparence. Avec mon ami Jean-Baptiste Labrune, (co-auteur d’une grande partie de mes livres chez Magnani et co-créateur des éditions Pan), nous avons réalisé un petit livre – Bululú – présentant un personnage qui porte un moulin sur le dos et ne peut avancer car le vent souffle trop fort. Les ailes du moulin tournent, la meule moud et comme il ne peut plus avancer, il pose la meule par terre. Ca s’arrête là. Cette histoire me faisait tellement penser à celles de Schwitters que je l’ai dessinée avec des caractères typographiques, le personnage lui-même est un calligramme.



Extrait de Bululù, Jérémie Fischer et Jean-Baptiste Labrune, juin 2017


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Tu crées des saynètes, un peu à la façon des films muets burlesques. L’on pense aux flipbooks et au stop motion, dont la technique artisanale permettrait d’animer tes livres avec beaucoup de poésie.


J’ai réalisé un clip animé en stop motion pour le groupe Orchestre tout puissant Marcel Duchamp. On a réalisé ça de façon très artisanale en Ardèche avec des papiers transparents sur la table lumineuse. Ce n’était pas très pro mais on s’est bien amusés à le faire. Il sera projeté dans une prochaine exposition, de même qu’une animation qu’un vidéaste réalise actuellement à partir de mon livre Emplettes, mais pas en stop motion. Je lui ai donné pour seule contrainte que le mouvement soit très fluide (Exposition Emplettes à la médiathèque de Saint-Gaudens dans les Pyrénées). J’expérimente également en ce moment des projections abstraites sous forme de petites vidéos qui révèlent des mots en jouant par superposition et transparence avec des formes peintes au mur. Elles seront montrées dans le cadre de l’exposition Nuit Illumino 1 à l’espace d’Art Contemporain le CYEL, à La-Roche-Sur-Yon.



Comment choisis-tu le thème de tes livres ?


Cela dépend si je travaille en tandem avec un auteur ou si je crée mes propres livres. Alphabet et Animaux sont des livres à système et leur sujet, classique, est tout simplement venu de la contrainte particulière qu’imposent les jeux de transparence et de transformation avec laquelle j’aime m’amuser. L’amusement et le jeu sont intimement liés à mon travail. Après avoir réalisé un alphabet, j’ai eu envie de composer des phrases en créant une mini narration. Le livre Emplettes est ainsi né. Le prochain s’appellera Calculette et mettra en scène des opérations complètement absurdes !



Emplettes, livre animé imprimé en sérigraphie à l'atelier Co-op, Collection 12x12, 2019


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Et lorsque tu interviens comme illustrateur, en tandem avec Jean-Baptiste Labrune ?


Ce travail très différent de celui d’auteur me permet de me concentrer sur la mise en page, le rapport texte-image et la mise en image du texte de Jean-Baptiste en choisissant récemment de tout écrire à la main. Ce sont des projets qui se déroulent sur plusieurs années. Je connais Jean-Baptiste depuis le collège et nous travaillons bien ensemble. Il aime l’insolite de Michaux et des histoires de Kipling. Son univers est proche du mien. Les contes du petit duc, notre dernier livre chez Magnani, s’inscrit dans cette lignée.



Pour ce type de projet, tu écris et dessines à la palette graphique ?


Non, non, je ne sais pas dessiner à l’ordinateur, à part nettoyer mes images après les avoir scannées. Pour Les contes du petit duc, j’ai découpé mes images dans du papier inactinique, un film transparent rouge qui laisse passer la lumière sans les UV que l’on utilisait pour la sérigraphie, dont on évide au scalpel les parties non visibles. C’est une technique artisanale qui se rapproche du papier découpé et dont il faut accepter les accidents, la surprise. Cela produit une image plus directe. Pas de « pomme Z », même si quelques repentirs sont possibles avec du scotch !



L'éléphouris, Jérémie Fischer et Jean-Baptiste Labrune, éditions Magnani, 2012



Et les couleurs ? Tu m’as dit travailler à partir de Pantone.


Chez Magnani, quasiment tous mes livres sont imprimés en Pantone. Je choisis chacune de mes références et on va au calage chez l’imprimeur pour vérifier la sortie. Les machines sont différentes les unes les autres et le pantonier lui-même vieillit. L’impression des couleurs réserve donc très souvent des surprises. Le fait de nous rendre systématiquement au calage nous permet toutefois de nouer une relation de confiance avec les conducteurs de machine.


Comment fais-tu quand la couleur n’est pas imprimée comme tu l’avais imaginée ?


Il m’est arrivé de retravailler complètement le livre en fonction des sorties. Parfois tu n’as plus le choix car le calage est fait. Il faut alors accepter le projet et faire au mieux pour rattraper les choses.



Tu substitues une couleur à une autre ?


Ce serait beaucoup trop onéreux car cela impose de nettoyer les machines pour changer d’encrier. Le plus souvent, ce n’est pas cette option que l’on choisit, même si c’est déjà arrivé. On baisse ou augmente plutôt la densité de couleur.



Y-a-t-il des couleurs plus difficiles à manier que d’autres ?


Oui, l’expérience te l’apprend. Je travaille beaucoup avec des Pantone à 100% : c’est assez simple. Mais dans Les contes du petit duc, j’ai mis des Pantone à 20-30 % qui se mélangent en donnant des bruns : je ne savais pas du tout ce que ça allait donner. Entre le premier tirage du livre trop foncé à mon goût et le deuxième, j’ai corrigé. La perfection est impossible, et c’est tant mieux ! Dégé nous a appris cela. Il faut que les images vivent. Certains créateurs tentent de reproduire cette imperfection avec le numérique, mais cette technique ne laisse aucune place aux imprévus du geste : le pinceau qui n’a plus assez d’encre, la colle qui déborde sur le papier…



Les contes du petit duc, Jérémie Fischer et Jean-Baptiste Labrune, Magnani, 2018



On pourrait imaginer retrouver un effet similaire avec l’ordinateur mais cela ne serait plus le fruit du hasard et dès lors un peu étrange.


Le but n’est évidemment pas de rechercher l’accident, que ce soit avec un ordinateur ou des techniques traditionnelles. L’important est de se mettre dans les meilleures dispositions possibles pour créer ses images. Le livre n’est pas fini tant qu’il n’est pas sorti des machines. Une fois le livre publié, il faut l’accepter tel qu’il est, quitte à en améliorer quelques aspects à l’occasion d’une réimpression.



Il faut transmettre cela aux enfants, eux qui sont nés avec le numérique et ont l’habitude de voir des images parfaites, lisses, sans aspérité. En travaillant avec des écoles, tu leur as permis de réaliser des livres uniques.


J’avais organisé cet atelier avec une école de la vallée du Rhône dans le cadre d’une résidence-mission financée par la DRAC, en lien avec un acteur culturel, ici une médiathèque. Le travail, très dense, s’est déroulé sur plusieurs mois. Je me suis retrouvé en position d’éditeur en créant une collection de petits livres carrés dont les créateurs étaient les enfants. C’est à la suite de cette expérience que j’ai repris ce format 12x12 cm pour mes propres créations.



Petits livres réalisés avec les enfants de sept écoles du pays roussillonnais, 2018.



C’est une façon passionnante pour les enfants d’aborder le livre non seulement à travers les mots mais également le graphisme. La culture de l’image est très peu transmise en France, notamment dans un cadre scolaire, alors qu’il existe dans ce pays une très riche tradition iconographique portée par des générations d’illustrateurs géniaux.


C’est sûr ! On n’apprend pas à lire les images. Je viens d’une famille « classique » où la culture de l’image existait à travers quelques tableaux célèbres et les bandes dessinées franco-belge grand public. J’ai découvert tout un monde par la suite aux arts déco de Strasbourg et à Leipzig à la Hochschule für Grafik und Buchkunst, une des plus anciennes écoles d’art d’Allemagne.



La culture graphique est très présente en Allemagne, de même que l’abstraction géométrique. Cela a sans doute compté dans ton cheminement artistique.


Ca m’a fait un choc ! Nous avons en France une culture de la « belle typographie », du dessin élégant, de la gravure très fine. J’ai découvert une toute autre approche en Allemagne : la gravure sur bois, très brute, de la typo énorme… Les étudiants ne ressentaient aucune inhibition à produire des travaux parfois disgracieux mais souvent très puissants, ce que l’on n’osait pas faire à Strasbourg. Les professeurs m’ont incité à m’exprimer avec plus de force, moins de retenue.



Ce n’est pas pour rien que l’expressionnisme est né en Allemagne !


Je me suis placé dans un entre deux, au milieu de deux cultures radicalement différentes.


Papiers découpés, Jérémie Fischer



Cette tension se sent dans ton travail. Ce mélange abstraction-figuratif, délicatesse des composition-aspect brut des chutes de papier imprègne d’ailleurs tes collages de papiers découpés.


J’ai appris et même épousé l’amour du papier en arrivant à Strasbourg. Je me suis mis assez tôt à remplir des carnets de jeux de forme en papiers découpés. C’était mon footing, selon l’expression de Guillaume Dégé qui nous demandait de nous isoler quotidiennement dans notre bulle pour remplir des carnets de ce que l’on voulait, sans lien avec un projet.


C’est une façon de s’abstraire du monde. Une abstraction non plus seulement formelle mais aussi psychique.